Billets qui ont 'Eglogues (Les)' comme oeuvre.

Cruchons

J'ai appris que dire La Fenisse faisait quand même un peu plouc (quand je ne sais pas prononcer, je prononce à la française, le duc de Buckingant n'est nullement une surprise pour moi); qu'au Moyen-Âge la Bible et les textes sacrés étaient entourés de leurs commentaires et de leurs annotations, sur la page même (ce qui me fait penser à la Torah. En ce moment je me heurte sans cesse à des remontées du Moyen-Âge, est-ce la lecture de Kantorowicz qui me rend réceptive (non, je ne veux pas dire que la Torah vient du Moyen-Âge, je pense à la patristique)), et que des dragonnades ont eu lieu sous Louis XIV (je mettais cela beaucoup plus tôt).


Cruchons très peu productifs, ce qui me met toujours mal à l'aise, comme si je trompais les participants, comme si je ne tenais pas une promesse.
Rencontré Bashô, ce qui confirme ma thèse qu'on finit toujours par rencontrer les blogueurs ou les commentateurs quand on est fidèle suffisamment longtemps.
Bashô recommande le film La femme aux cinq éléphants (les horaires sont un peu restrictifs). Je lui ai parlé de FB, partagée entre deux sentiments: c'est si pratique pour communiquer, partager des liens, aller vite (je me rends compte que je suis "piquée à la vitesse"); cependant faut-il encourager ce lieu qui nous fait vivre dans des maisons de verre et développe la paranoïa?

Les livres continuent à venir à moi, deux Nabokov et une Bible en hébreu. Je les ai laissés au bureau, mon sac était bien trop lourd ce soir. Merci aux généreux donateurs.


— Tu as vu? J'ai acheté un sac plus grand pour les Eglogues!
— Ce qui me gêne, c'est qu'il soit ouvert, on peut te voler.
— Tu crois qu'il y a grand risque? Je le regarde, dubitative.
— Tu veux dire que c'est à souhaiter?







Une conversation m'a fait me souvenir qu'à l'issue d'une semaine de conférences sur le roman au XXe en 1998, je m'étais dit découragée que je n'y arriverais jamais, que je partais de trop loin, que j'avais trop de lacunes. J'avais refermé mes livres. Aujourd'hui ces mêmes lacunes ne me dérangent plus (je veux dire que je les regrette mais je les assume), je sais que c'est en partie dû à l'accueil si généreux que j'ai reçu à Cerisy, aux gens qui ne m'ont pas considérée comme une intruse, et en partie à mon intérêt pour RC, qui me permet d'oublier tout ce que je ne sais pas pour ne penser qu'à chercher.

Cruchons III : une vraie question

toujours Sidoine

James Joyce considérait que son œuvre n'était pas immorale, mais celle de D.H. Lawrence, oui; Lawrence pensait exactement l'inverse.

Cruchons II : charade

due à Sidoine (Evidemment pour nous c'était un peu plus facile puisque cela venait dans le courant de la conversation. Indice: nous parlions du décorum des dîners à Sainte-Hélène) :

Mon premier est un mode d'éclairage;
mo second est une ville du sud de la France;
mon troisième est un gaz;

mon tout est un événement survenu en 1821.

Cruchons I : Ramsès II

Il manquera à ce billet la truculence de Laurent nous racontant l'anecdote vendredi dernier, au Petit Broc.

Tout humain, même à l'état de dépouille, de cadavre, de restes mortuaires, circulant sur le territoire français doit posséder un passeport. C'est ainsi qu'on établit un passeport égyptien à Ramsès II lorsque sa momie vint en France à des fins d'analyses scientifiques.
A la rubrique profession il fut noté : «Roi», et à ce titre il lui fut rendu les honneurs militaires à l'aéroport de Villacoublay à son arrivée comme à son départ.

A l'époque, Mme Desroches Noblecourt était encore conservatrice des musées, et elle avait dans l'idée que Ramsès devait absolument revoir "son" obélisque. Valéry Giscard d'Estaing décida donc que le convoi ramenant la momie à Villacoublay ferait une ou deux fois le tour de la Concorde.

Il est bien certain qu'avec de telles attentions nous sommes dans la délicatesse chère à Barthes.

Deux jours

- jeudi
Déjeuner avec Tlön

- vendredi
Cruchons restreints : Aline, Philippe, Laurent.
Nous faisons des projets, Vaux-le-Vicomte et Plieux.

Bilan bizarre

Année objectivement réussie (changement de métier (pour faire quinze ou vingt ans plus tard celui que j'ai appris à l'école (no comment)), première intervention en colloque littéraire, reprise de l'aviron (ça me fait vraiment plaisir), réunion mensuelle des "cruchons" qui dure et perdure (et c'est un beau cadeau)), subjectivement décevante et émotionnellement fatigante.


L'une de mes photos préférées de cette année: elle s'attache à des amis chers, à un moment précieux, et dans le même temps j'y trouve quelque chose d'absurde, de démesuré: il y a quinze ans, dix ans, cela n'aurait pas été possible, aujourd'hui c'est tout simple, à portée de tous, et j'en reste émerveillée.

Lecture de L'Amour l'Automne dans un café parisien en novembre: Paris la nuit à travers les vitres, Auckland le jour dans l'écran.


Résumé

- jeudi
Oulipo. J. tombe devant la BNF et se casse un doigt. ''Annette'', pièce de Jacques Jouet.
Dominique annote et corrige quelques points de ce blog (depuis le 25 mai. Au besoin il laissera des commentaires anonymes pour que je corrige ou complète mes billets). Il m'apprend que ''Laura'' de Nabokov est sorti (est trouvable sur le net) en livre (et donc pas en cartes à organiser soi-même: dommage).
Toujours le même bonheur de la pizzeria post-BNF.
J'apprends qu'une contrepétrie ne doit pas être trop compliquée pour être "pure".
Contrepétrie impure, donc (et classique) donnée par Elisabeth: "L'aspirant habite Javel" 1.

- vendredi
Ma fille se fait voler son sac au collège, avec les clés et l'adresse de la maison. C'est le x-ième incident la concernant. Je commence à être réellement inquiète, elle est visée, je crois qu'il va falloir la changer d'établissement avant que le pire n'arrive (il n'arriverait peut-être pas, mais qui prendrait ce risque?)
Je retrouve mes complices au café pour une nouvelle séance de lecture des Eglogues. Le soleil levant d'Auckland dans l'écran du portable connecté en wifi. C'est beau la technologie, mais je suis encore plus émue d'avoir une amie qui vit toujours demain.
Le soleil de demain brille déjà, et au printemps.

- samedi
DT polio. Fièvre pour le week-end. Qu'ai-je fait le reste de la journée?
Ah si, on songe à moi pour l'équipe d'aumônerie... Voilà aut' chose... je m'étais dérobée il y a six ans, cette fois-ci je suis bel et bien reprérée. Je me lancerais bien dans une licence de théologie.


1 - On notera au passage l'ode à la main gauche de J.

L'heure où les carreaux passent de la transparence au reflet

Phrase fétiche de Passage, phrase que j'aime beaucoup, évoquant l'arrivée de la nuit sans parler ni de la nuit ni du jour.

Chaque jour j'assiste à l'inverse des fenêtres de mon bureau.

Ville imaginaire, tremblante comme de l'eau, dans les carreaux le matin :






Cases illuminées dans la nuit, comme autant de tiroirs:






(Et toujours mes photos minables de téléphone. Désolée pour vous, je les aime ainsi.)

Le petit Broc

*aller
Gide - Louÿs - Valéry, Correspondances à trois voix

* retour
Laure Adler, Marguerite Duras pour J.
quatre tomes du Journal de Charles Du Bos
Paul Valéry - André Gide, Correspondance
Gide - Louÿs - Valéry, Correspondances à trois voix


Les Eglogues à Chartres

  • Aller

- RC, Journal de Travers I et II pour Jérémy
- Jean-Yves Pranchère, L'autorité contre les Lumières pour Patrick
- Sebastian Haffner, Histoire d'un Allemand, pour Patrick
- Recueil de l'académie des jeux floraux, 1993, pour Philippe
- Barthes dans L'Arc
- Melville dans L'Arc, (J.)
- Nabokov dans L'Arc, (J.)
- Duane Michals, (J.)
- Mahler dans L'Arc
- Robbe-Grillet, colloque à Cerisy 1976
- Robbe-Grillet, Projet pour une révolution à New York
- Robbe-Grillet, La maison de rendez-vous
- Robbe-Grillet, Les Gommes, (J.)
- Otto Rank, Don juan et le double
- Perec, W ou les souvenirs d'enfance
- Nicole Lapierre, Changer de nom, (M.)



  • Retour

- André Gide, Les caves du Vatican, donné par Tlön
- Malègue, Augustin, ton maître est là, emprunté à Patrick
- Trackl chez Seghers, emprunté à Patrick
- Barthes dans L'Arc
- Mahler dans L'Arc
- Robbe-Grillet, colloque à Cerisy 1976
- Robbe-Grillet, Projet pour une révolution à New York
- Robbe-Grillet, La maison de rendez-vous
- Otto Rank, Don juan et le double
- Perec, W ou les souvenirs d'enfance

Bouquiniste anglophone

En sortant du bureau, je fais un détour pour passer 17 rue Monsieur Le Prince, où abebooks m'a dit que je trouverai la correspondance Wilson-Nabokov. La librairie est juste en haut des escaliers en face de la rue de l'école de médecine. Je ne l'avais jamais vue.

Dan mon sac:
- Hannah Arendt, Vies politiques (pour copier une citation au bureau, eh oui) ;
- Barthes, S/Z, que je laisse normalement à la maison mais que j'ai pris ce matin parce que j'avais oublié mon "livre de RER" au bureau la veille ;
- Correspondances à trois voix, Gide-Louÿs-Valéry, mon livre de RER.

Photo d'époque

Dans les marges de la lecture de ''L'Amour l'Automne'' (cf.p.38):

— La Dyane, c'était mieux que la deux-chevaux, non?
— Oui, c'était la frange supérieure de la classe moyenne inférieure.
— Tu as raison. Je me souviens que mes copines étudiantes avaient une deux-chevaux, puis quand elles devenaient institutrices elles avaient une Dyane.




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(Je précise six ans plus (22 février 2015) : premier cruchons hors de chez Rémi, au Bouillon Racine (bien entendu, il n'est pas venu, il attendait sa femme de ménage). La conversation ci-dessus avait pour protagonistes Patrick et Pascal.)


(Mais comment sommes-nous parvenus à l'insulte: «hétéro-trotskyste ! » ? )

Sac de dame

Pour ne pas abîmer mes livres, je tends à privilégier les cartables.

Mon voisin de bus (inconnu) se penche sur mon cartable ouvert:
— Votre sac est bien rangé.
Je ne comprends pas ce qu'il veut dire:
— Je ne comprends pas, qu'est-ce qu'il a de spécial ?
— Rien. Pour un sac de femme il est bien rangé.
Je ne lui ai pas expliqué qu'il était impertinent, indiscret et pétri de préjugés.
Le plus étonnant est que la scène s'est répétée pratiquement à l'identique à quelques jours de là — à cela près que j'ai compris tout de suite.


Comme on se moquait de mon absence de "sac de dame", j'ai fini par trouver chez Loxwood le modèle idéal pour transporter des livres. Il existe en plusieurs tailles, plusieurs matières, plusieurs couleurs, qui changent à chaque saison (mais la forme reste la même).
Problème: les jours de pluie ou de neige.



2009-0203-sac-de-dame.jpg


Vendredi dernier : jour d'Eglogues.

Aucune idée de titre

- Mardi soir : explication de texte en groupe autour de L'Amour l'Automne. Ça commence à décoller, l'intérêt est que chacun a des centres d'intérêt différents (théâtre, musique, littérature, people) et que les discussions divergent avant de revenir au texte. Je crois que ce genre de livre est fait exactement pour ça: être lu à plusieurs voix, sucister autant de discussions qu'il contient de pistes (de la page 17 à 22 en une heure et demi: le livre fait plus de quatre cents pages). Il y a une tentative d'épuisement du monde, non par description exhaustive, mais par mots-clé permettant les associations.

- Mercredi : journée minutée quart d'heure par quart d'heure. J'ai quand même réussi à dormir entre neuf et onze heures du matin (bénédiction). Camomille, mais il n'y a plus de miel.
Le soir, écrit bien trop avant dans la nuit.

- Jeudi : soirée (et nuit) idem.
L'écriture saoûle, elle me laisse d'abord l' ubris, puis la gueule de bois, l'envie de ne jamais plus retourner sur les lieux du crime, une honte à me relire, un aquoibonisme généralisé.

- Vendredi : Je cherche La Légende du grand inquisiteur et trouve ce que je ne cherche pas.

Qu'a-t-on à bloguer quand on écrit? Ecrire qu'on écrit? Me voilà fraîche.

Le jardin des Finzi-Contini

Ce soir (hier soir) un coup de Vélib pour aller voir Le jardin des Finzi-Contini à Saint-Germain-des-Prés.

Evidemment, mon attente était particulière, j'allais à la rencontre d'une référence. Je n'ai pas été déçue, les images fournies par le film correspondaient au décor que j'avais mis en place.

La lumière de ce film est poudrée, elle auréole les choses et les visages. L'adaptation est très fidèle, on retrouve les moments importants, les détails, aussi (Yor, le nom des arbres, la fille de la fête foraine, le scandale dans la salle de cinéma...).
Le film est plus explicite que le roman sur bien des points, à la fois concernant la vie des héros et les événements historiques.

Des paysages, des rues, les arbres l'été et les arbres dans la neige, des visages, les chandails blancs qui ouvrent le film, Giorgio et Micol portant seuls des tenues assorties, blanc rehaussé de rouge, le regard de la petite fille dans les flash-back, les relations de chacun avec tous qui se distendent, le château qui s'éloigne dans le rétroviseur,...

Un film lent, sans impatience et sans concession. Je me demande ce qu'on en pense quand on ne connaît pas le livre.

Librairie Tschann

Une razzia chez Tschann, j'avais un peu bu. Ils ont le plus beau rayon de poésie que j'ai vu à ce jour dans la capitale, il faut dire que j'aime les livres aux formats étranges et aux pages non coupées.
  • Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux, parce que Guillaume m'a recommandé "Rhizome", et que ce livre d'occasion coûte plus cher que Mille plateaux neuf.
  • Mohammed Choukri, Paul Bowles, le reclus de Tanger à cause de la phrase obsessionnelle dans L'Amour, l'Automne, sur Gertrude Stein qui l'a "lancé" (ou pas).
  • Jacques Dupin, Échancré, cité dans L'Amour, l'Automne, mais surtout, du même, je découvre alors qu'il n'en est pas parlé, Écart.
  • Ezra Pound, Les Cantos, en bilingue (un vieux projet oublié jusqu'à ce que je vois ce livre).
  • Michel Foucault, Raymond Roussel
  • Maurice Sachs, Alias
  • Gilbert Lascault, Le Petit Chaperon Rouge, partout, pour ma sœur
  • René Char, Les Matinaux, pour La parole en archipel




PS : Je précise cinq ans plus tard : invitée par Tlön chez Wajda. Ce restaurant deviendra plus tard le lieu des repas de rentrée avec Claude et Olivier.
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